Mes recueils

Une sélection de petits poèmes

Participation à la revue Expressions les Adex

 

 

Mes recueils

   

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Une sélection de petits poèmes

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COMMÉMORATION ? COMMÉMORATIONS !

1914 - 2014

            J’aurais aimé vous dire le bonheur de vivre en nos contrées en Juillet avant la mort de Jaurès, là où je suis née mais bien longtemps après.

            J’aurais aimé vous parler de mon grand-père et de ma grand-mère, jeune mariés, jeunes parents heureux.

            J’aurais aimé vous dire la joie de rire à leurs côtés longtemps après ce qui fut plus qu’une tourmente, ce qui fut une tragique fin d’un monde, l’écroulement d’une société et hélas la signature de notre héritage.

            J’aurais aimé partager avec vous le bonheur de l’enfance. Je ne peux pas, je n’ai pas connu.

             J’aurais voulu vous dire que nous sommes tous des héritiers de 14-18 comme ils disent.

            J’aurais voulu vous raconter, moi, la née en Picardie sur ces riches terres labourées d’obus, ce qu’était la vie avant que sévisse le mépris des chefs de guerre pour ceux qu’ils ont traités pis que bétail, les saoulant de mauvaise vinasse pour mieux les envoyer à l’abattoir.

            J’aurais voulu vous faire comprendre comment on gagne des galons en poussant à la haine de pauvres types éduqués, programmés, endoctrinés dans les écoles et les églises depuis 1870, pour se battre pour la patrie.

             J’aurais voulu vous dire la vie des miens depuis un siècle sur ces terres engraissées de fer, d’acier et d’entrailles humaines, tout mélangé !

            J’aurais voulu vous montrer comment on survit quand à chaque printemps des paysans et des enfants sautent et crèvent comme leurs ancêtres pour rien sur leur terre ou le bord d’un étang parce qu’il leur faut vivre et manger.

            J’aurais voulu vous parler des ruines, des « pendant » et des « après » pour les femmes, les enfants, les survivants cassés, et leurs descendants.

             Ce n’est pas en Afghanistan, ce n’est pas en Syrie, c’est en France, chez nous !

             J’aurais voulu vous évoquer les traumatismes de toute une si vaste région qu’on s’est dépêché d’oublier sous le soleil de la Méditerranée. Quelle ne fut pas ma surprise, quand je suis arrivée à Montpellier, quand je parlais de mes derniers postes : Abbeville, Villers Bretonneux, Amiens !

            −C’est où ça ?

            −Ah, le nord, là où il fait froid ? On ne connaît pas ! Normandie ? Peut-être ?

          Et pourtant leurs ancêtres s’y sont battus, y ont perdu leur âme c’est sûr, s’ils n’y ont pas perdu la vie ! Bizarre, eux les Australiens n’ont rien oublié. Ils viennent tous les ans, saluer leurs morts si jeunes en France !

             Mais ce sera pour une autre fois. Il me faut du temps pour bien me faire comprendre. Alors j’ai choisi de rappeler un peu de géographie. Je vais égrener des noms de charmants villages détruits pollués à jamais, de petits cours d’eau dont les fonds sont cloués de lourde fonte, de carcasses d’engins, de Levels en décomposition.

            Ces noms, on les trouve pourtant, pour quelques-uns, chez nos poètes et écrivains : Apollinaire, Cendrars, Léger, Braque, Cocteau, Remarque, Giono, Barbusse, Genevoix, Breton, Aragon, Drieu, Duhamel, Dorgelès, Jünger, Mac Orlan, natif de Péronne, vous savez, le mémorial de la grande guerre.

            Je vous offre un voyage dans la haute vallée de la Somme. Je commence par Frise, il y a les anguillères ! Vous savez entre le « bois des vaches » et les étangs de la grenouillère. C’est si beau, si vert, si gris, si vert de gris. Là il y avait Cendrars encore entier. Bray sur Somme, l’hôpital de campagne où officiait le médecin Georges Duhamel en 1916. Combles, ce champ de ruines dont parle l’Allemand Ernst Jünger dans Orages d’acier. Fricourt, Rancourt que l’on rencontre chez des poètes allemands combattants, nos frères humains : Kurt Heynicke, Walter Schäfer, Reinhard Sorge.

            Et puis encore les villages de Cléry sur Somme. Bapaume, Bouchavesnes. Et puis ce fleuve si paisible qu’il en oublie de couler vers la mer parfois, La Somme.

            J’arrête là. Ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le moment. Ce n’est jamais le lieu, ce n’est jamais le moment. Faut vite passer à autre chose. Et on a raison ! Ça fait cent ans qu’on ne veut plus parler de ça, évidemment la vie c’est plus important.

            Alors pourquoi, à eux on ne leur a pas dit, à eux, ces gamins nés avec leur siècle :

            −la vie, c’est sacré ! Sacrebleu !

            Non, on leur a inculqué la folie de la patrie et d’un dieu ! N’avaient pas compris parce qu’on ne leur disait pas que le sabre et le goupillon les considéraient depuis toujours comme vulgaires poussières nécessaires et utiles à tout faire !

             Et nos historiens ont bâti la légende, il en faut ! Que de héros ! Je connais la biographie de Foch, Joffre et Pétain, et de tous les autres assassins et je ne connais pas celle de mon grand-père, mort pour rien. Rien tout effacé ! Parce que c’est ça la guerre ! Des millions de familles anéanties pour la gloire de quelques généraux.

             Six minutes déjà que je parle alors je vous lis juste ce petit poème de moi en l’honneur de mon grand’ père, cet anti-héros.

            Lecture de ce poème qui se trouve aux pages 19 et 20 de mon recueil de 2013, La Petite Bleue

            Et puis encore un extrait du long poème écrit en 1996 par un héritier comme moi, un poète Picard Jean-Louis Rambour pour encore une commémoration, c’était les quatre vingts ans. Il y a vingt ans déjà.

            Extrait : page 32 à 41 de son recueil « Théo » paru en 1996

            Moi, je ne peux même pas écrire ça ! Je ne sais rien, jamais revenu, pas de tombe ! La terre, seulement la terre. Formidable engrais pour des terres, il a été mon grand-père, terres que d’autres ont labourées.

            Un jour peut-être surgira du sol une plaque, un porte-monnaie en fer. Comme celui de Théo.

             J’arrête là. Parce que, chez nous, personne ne pouvait raconter, les mots ne venaient plus. Et il fallait reconstruire. Il en est venu de partout, des hommes. Il y avait du travail ! Vous pensez ! Et nous les petits-enfants de ces gars morts sur leur propre terre, on ne nous a surtout rien dit, d’autant plus que trente ans plus tard, tout a recommencé ! Et les souvenirs définitivement effacés, brûlés, bombardés.

            Et nos pères sont partis.

            Et puis maintenant oublions, retournons à nos activités nombrilistes, regardons les infos en nous empiffrant de chères victuailles, bio évidemment. Oublions en regardant des bonshommes s’entretuer sur des terres lointaines. Et puis digérons, tranquilles. Et, ce soir, devant le toujours magnifique coucher de soleil, inspirés, écrivons notre plus beau poème pour célébrer cette si belle nature que sciemment jour après jour nous saccageons.

 

Goût d’amer

Mascarade grotesque
même pas burlesque
morne satisfecit noyant l’ennui
de quelques joyeux ahuris
béats d’extase postiche
bayant au néant-potiche
fabrique de vide abyssal
gonflé du chancre sociétal

Soirée congratulations
ô niaise satisfaction
masque plaqué sur ces faces sans âge
clapotements sages
Même pas de mépris ! Indifférence !
Ego batracien jusqu’à l’indécence !
La race bovine passe
dédaignant en majesté cette gloire fugace.
 

La chanson des vieux amants

 

Regagnons la plage
âge bien mûr
muré de silence.
Lançons-nous
nouveaux amoureux
retournés
nés d’avant la guerre
guère plus sages.
À genoux tu mens
menthe à l’eau
nos deux vies.
Vivre ensemble
semble trop étrange
ange a passé
passé le bon temps.
Tempérons
ronde des semaines
mène à tout.
Toujours toi et moi
mois de mai
mes rêves de voyage.
Agissons
sombre est l’avenir.
Nirvana
n’atteindrons-nous pas
passé l’an.
Lentement marchons
c’est plus sage.

 

Soir de décembre

Enfin la fin d'un soir qu'ensemencent
 les erreurs du jour en partance
ma pensée se vrille de vaines attentes
ma vue se brouille et s'emmêle dans la pelote nouée
des réticences et des défis mal ficelés d'une opaque journée
Nouvelle nuit ondoyant mes insomnies
tendues du drap bleu horizon
Mensonge toujours en devenir
Trahison

 

  

Perle noire de l’océan parmi ses sœurs

Il est une belle dame brune
que courtise l’océan trop bleu,
toujours fougueux, toujours entreprenant,
aux assauts impétueux, l’outrageant parfois,
jaloux de tant de candide irrévérence.
Femme explosive et fervente en ses blancs atours. 

Et le soleil ébouriffé
s’égratigne et s’ébaubit,
entrant par ci, sortant par là
de ces mille grottes ténébreuses,
œuvres d’un Vulcain en goguette,
rit en éclats de transparence saline
au hasard d’une fantaisie marine
en chaleureux miroir vespéral,
union du ciel et du minéral
sur une onde gaiement hypocrite.

 

Il est une belle dame noire
que caressent les Alizés infatigables,
jamais lassés, tantôt de velours moiré,
tantôt d’acier acéré,
toujours fermes en seigneurs obligés.
Femme sensuelle et frémissante en ses vertes parures.

 

L’imagination s’affole
en caprices infinis,
se suspend
et s’ébroue,
s’enfouit dans le duveteux
nid des cochenilles,
s’envole des pieds de vigne,
se love en de doux creux
en fausse plaine cendrée
bravant l’inconstance des Dieux. 

Il est une belle dame ardente
qu’anime sans cesse un feu d’enfer
en son sein généreux et téméraire,
toujours en fusion de cœur,
vivante offrande incandescente aux dieux ancestraux.
Femme fervente en ses dehors assoiffés.

Il est une belle dame émancipée
qu’un de ses enfants au génie flamboyant,
hédoniste amoureux d’outrance coutumière,
s’en revint en Du Bellay nanti
embellir sa native terre
aux rapaces livrée,
violentée comme putain
par des hommes sans loi
sans amour et sans vergogne.
Femme dorénavant du peuple germanique adulée. 

Il est une belle dame sombre
que vénère le soleil joueur
aux paumes tantôt douces, tantôt brûlantes,
toujours combatif, toujours vainqueur,
admiratif de tant de fière audace.
Femme somptueuse en ses bijoux de Sienne brûlée. 

Il est une belle dame magnétique
qui cèle en ses roches basaltiques
ces graines éclatées,
olivine timide,
si éclatantes qu’elles brillent
en surprises numéraires
dans jable et gavias
des majos courageux et infatigables.
Femme mère comblée
par tous ses enfants attentionnés. 

Il est une belle dame muse-concubine
qu’un Manrique riche et vieillissant
n’eut de cesse de magnifier
en créateur, par le monde des arts, consacré.
Ô femme amante toujours désirée et jalousée !
Lanzarote on la nomme. C’est ainsi qu’on l’honore.


 

 

Une sélection de petits poèmes

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IMPRESSIONS MEXICAINES

 

9 Février 2015 MEXICO
 

L’aigle irrité condense
en gouttes de sang comptées
sur la pierre solaire violentée
l’éclat de son œil vigilant.

Le Serpent égoutte sa torpeur insolente

Dessus le cactus en émoi d’outrance.

Grande l’ire aztèque par l’outrage revigorée
secoue de justes transes véhémentes
la terre native généreuse mais en feu
à l’incurie et la cupidité livrée.

Ses vingt-quatre enfants si jeunes escamotés
ne seront pas morts pour rien.

Mexico tremble et ses veines
de sang neuf gonflées
abondent le  cœur réveillé
de tout un peuple trop longtemps bafoué.

Oppression en bouillons. Conscience nouvelle.

Tourmente. Gloire à la jeunesse éternelle.

 

De  Oaxaca à Juchitan

 

De plumes en verte pierre, le serpent fasciné coagule l’alcool natif docile et stupéfait se glace.
Le jaguar trop longtemps assoupi, gavé jusqu’à la nausée de l’insulte au regard d’acier d’un dieu barbu par les vagues atlantiques porté, s’affole.

                        Et rose et blanc, le taxi indifférent charrie les voleurs d’images et de ciels.

Franciscains, Dominicains en frénésie ont osé tomber le soleil d’une croix de souffrance assassine, d’effroi embuée.

Peuple souriant anesthésié, piégé par l’orgueil blanc hypocrite, s’écarquille tandis que l’œil froid des glaces d’orient cupide venu, tourne, tourne en armées d’éoliennes conquérantes.
                        Et l’acier blanc mouline indifférent le ciel d’azurite aztèque tant vénéré.
 

Francesco Toledo de son Juchitan paternel à Oaxaca rugit en tourbillons de couleurs enfiévrées, furibondes et jette en rayons de lumière, l’alarme en cris d’urgence révolutionnaire.
La jeunesse urbaine turbulente, dessillée, brandit en bannière les armes mexicaines, ébranle la veille millénaire des consciences de Chihuahua à Tabasco, du Zacatecas au Yucatan.
                        Et la Pan-Américan d’audace létale nourrie coule et écoule indifférente les tentateurs madrés vers le sud étoilé.

 

Les cartels en luttes fratricides s’écartèlent sous l’aile de l’aigle pétrifié à la paupière baissée, tout bouffi de certitude.

Dans les villages oubliés Métis, Créoles et Indigènes s’enlisent en querelles intestines dans l’éblouissement de trop de candeur poudrée.

                        Et le Popocatépetl indifférent fume et lance vers le ciel son impétueuse suffisance.

 

Le canyon du Sumidero

 

La roche altière lapide un ciel capricieux en tranchantes lanières cinglant l’éther.

Les crocodiles sybarites solitaires en prière, pétrifiés, défient sans broncher l’œil inquisiteur du touriste captif de ses  sauvages illusions.

                        Fébrile quête d’images nouvelles.

Les cactus en chandelles griffent, braves soldats disciplinés l’abrupte paroi dressée, minérale et insolente.

S’étranglent les eaux de profonde émeraude que scalpent sans vergogne les hors bords en patrouilles mercantiles.

                        Vigilante quête de splendeurs par la nature offerte.

Des tribus de noirs volatiles, consciencieux charognards, nettoient sans faiblir la roche nue en réceptacle. Les verts feuillus se jouent en ombres trompeuses des singes aux facéties d’araignées solaires.

                        Et c’est la blanche geste des sensations fortes de l’humaine nature aux quatre éléments livrée, proie consentante au fond du grand canyon.

 

Civilisations

 

Ả Téotihuacan, de la lune au soleil tu as marché et puis grimpé les degrés qui mènent aux cieux, rêvant de jaguar et d’aigle impérial.

Sympathique confusion.

Sur le Monte Alban tu as rêvé, admirant le ciel éternel veilleur de lunes et comptable du temps.

                        Délicate émotion.

Dans le site de Palenque, tu as transpiré, escaladant la ville du grand roi Pacal boiteux et de son fils sage et éclairé, aux vociférations des singes hurleurs infatigables.

                        Troublantes sensations.

Les Olmèques vite oubliés, tu as souri aux plumes du Quetzalcoati, vagabondant des Chichimèques aux  Toltèques te demandant pourquoi Mixtèques et Aztèques les chassèrent de leurs terres fécondes.

                        Ethique guerrière.

Et dans la jungle Maya, sous l’envoûtante canopée bruissante de chaleur moite tu bâtis tout un empire de songes que la reine rouge t’envoya. L’arbre de vie jaillit alors au sein des lianes et feuillages sombres.

                        Offrande sans bannière.

C’est à ce moment que ton âme vigilante s’outra une fois encore de l’arrogance bornée du conquistador perruqué et tu vis, amer, de là-haut avant de t’assoupir, un peuple trahi tout aux dieux mercantiles livré.

                        Oh loi honteusement pécuniaire !

 

Femmes de Chamula

 

            Sourires d’aurore cuivrée qui t’interpellent sur les trottoirs de pavés lustrés de San Juan, ce sont  les femmes de Chamula.

 

            Dos ronds ployant sous le poids de trésors tissés en chatoyance de couleurs, ce sont femmes de Chamula qui lèvent vers toi un soleil en visages d’avenante séduction.

 

            Petites brebis noires à petits pas têtus et volontaires qui te précèdent tendant vers toi ceintures et bricoles de fils entrecroisés, ce sont les femmes de Chamula, tentatrices libérées.

 

            Murmures agenouillés dans une illumination de rassurante et chaude ferveur, ce sont femmes de Chamula en prière chamanique au cœur d’une église sans pareille.

 

            Esprit libre en indéchiffrables pensées affrontant sans sourciller les ordres du prélat hispanique, ce sont les femmes de Chamula protégeant les moutons noirs et blancs de San Juan.

 

 Sous le baldaquin

 

L’arc de profonde azurite
comme faucille affûtée
la turquoise en émoi tranche
belle captive consentante
d’une laiteuse transparence.

 

Le jeune soleil mutin

baigne sa face étoilée
dans les vapeurs de hammam
pudique enfin s’éternise
transpire en moiteur caraïbe.

 

On ferme les yeux et c’est
le lancinant bruissement
de la jungle qui s’éveille
ou des vagues trop lascives
qui nous emporte en nuée.

 

On devient songe éthéré.
Loin, loin, c’est peut-être la vie.

 

Midi sous le ciel caraïbe

 

Sous une cloche de soyeuse layette
les précieux trésors marins !
Le soleil au zénith, de leurs émois guette
les éblouissants coups de reins.
 

L’aigue marine s’octroie le beau rôle
près de la turquoise en écrin,
l’émeraude discrète parfois s’affole
quand la profonde azurite les étreint.
 

Pas un oiseau, pas une voile.
C’est le bruissant plein midi.
Et s’évapore le temps d’un baiser
toute espèce de vigilance.

 

Soirée festive

 

Dans l'ascenseur de la maison de retraite
on était quatre en partance.
Arrivés au niveau restaurant
les trois pensionnaires descendent.
18h 30 c'est l'heure du dîner!
On se sourit. Le bel après-midi est fini.
 

Les saluant, je leur souhaite bon appétit!
Moi, j'allais au rez-de-chaussée.
Les ai laissés comme prisonniers.
Chez moi je rentrais.
L'homme en riant m'a répondu
"Eh vous voulez nous empoisonner !"
 

La porte s'est refermée sur trois dos résignés.
Et moi, je pars, une seule idée en tête !
 

À la fête de la vigne et du vin
on a  filé bon train
Mon homme m’attendait
En tram on est allé
La pluie avait cessé
Les trois grâces s’enlacent


Sur l’esplanade chacun se presse 
on joue des coudes, c’est la liesse
Fanfare et populace
Devant chaque chalet c’est la foule
Joyeuse humaine houle
Jeunes et matures se côtoient
 

Ensemble on boit on festoie
Chacun son verre contre quelques sous.
on trinque debout, on est un peu fou,
l’étudiant et l’émigré,  À l’amitié !
ce soir pour une heure, une éternité,
tous à Montpellier ! Belle fraternité !
 

Que de destins se croisent, se frottent.
En toutes directions, on va on vient,
le calaisien, le picard calédonien.
 Du rouge Chardonneret on s’amourache
 Et de Syrah, Mourvèdre, Carignan,  Grenache !
À nos études ! À nos projets! À votre santé !
 

À notre avenir ! Au mien ! Au tien !
Et dans ma tête trois dos résignés flottent.

 

Frissons de Picardie

 

Je marche seule en gris et noir, noir et blanc, dans le blanc laiteux du ciel et le vert des prairies piquées de vaches blanc et noir, le vert de gris de ma Picardie natale.

Ô âmes grises de mes vertes années acidulées, vous vous diluez en l’écume mousseuse des nuages si bas qu’ils semblent vouloir me happer pour m’y dissoudre à jamais.

Mais je marche encore.

La main infatigable du temps n’a cessé de tourner le moulin ancestral de nos moissons. Elle moud sans faillir nuit et jour et sans fin les mille grains de nos vie en chagrin noyé dans la lie du regret, de la colère, des remords parfois.

Et je marche.

Fouler la terre de l’enfance et recueillir la cendre d’un passé définitivement révolu et muet, enfoui sans avoir livré ses secrets !

Le vent de la lame aiguisée de la troisième fileuse me hérisse le poil et me glace tandis que la pluie, à ma place, se met à pleurer sur la plaine définitivement désolée. Plus douce que les larmes pour les cicatrices mal refermées.

Et je marche.

A nouveau rejoindre le fleuve paresseux qui, de sommes en veilles, s’étale en son lit, pas pressé de rejoindre la mer. Las, il semble toujours sommeiller en attente de rares éveils de soleil. Il berce inlassablement tous ces enfants du monde entier venus mourir en ses bras généreux et nourrir la terre grasse de ses flancs.

Goût fade de ce qui est à jamais perdu et pourtant si vibrant, si lumineux dès qu’on ferme les yeux et respire à pleins poumons tous ces effluves à nul autre pareils, ce chant d’une terre qui nous a fait naître et grandir.

 

Après l’inondation

Des éclairs dans un ciel mauve.
Nuit tiède, moite.
Nuit bruissante.
Attente presque festive
à force d'incertitude.
De grosses gouttes s'étonnent
de s'oublier sur le bitume. Attente.
Le sommeil abandonne la ville
aux éléments en discorde.
Comment sera demain ?

Le demain fut
un aujourd'hui en fanfare.
Soleil au clairon,
Azur à la trompette !
Foule par les rues en liesse,
chalands en effervescence.
Montpellier tel qu'en lui-même.
Oubli pour mieux vivre l'instant.
L'autre demain
est encore loin !

 


LES CRIS INAUDIBLES DES SANS VOIES


Pourquoi il faut écrire encore et encore

Parce qu'il est plus d'un million de poilus
qui ne sont pas revenus !
Et pour les épouses veuves, la galère ! Le martyre !
Leurs garçons à peine trente ans plus tard, elles ont vus partir!
Combien de destinées se sont écrites
alors pour plusieurs générations circonscrites!
Vies gâchées !
Qu'importe ! N'est-ce pas Messieurs les gradés ?
Encore merci Pétain!
On n'est pas prêt de t'oublier, toi et les tiens !
Parce que nous, vrais fils et filles de la République,
nous ne cesserons d'user plumes et stylos
pour laisser d'indélébiles traces publiques
et rendre l'honneur qu'ils méritent, à eux,
ceux que vous tous, les gradés - n’est-ce pas honteux ?-
vous avez tellement méprisés jusqu'à les faire assassiner
par milliers pour mieux les oublier,
et mieux vous faire briller !
Vos propres enfants, avez-vous sacrifiés?


Félix Vallotton dans la guerre : les barbelés (1914-18)

Corps en barbelés, corps déglingués, barbelés encore,
corps écartelés, barbelés en corps :
en noir et blanc embardée de vie !

Membres qui bêlent, culs par-dessus têtes,
laids de barbes et de corps désarticulés, corps transis :
en noir sur blanc, enchevêtrements !
 
Pièges et des mains, des pieux et des poings,
Mains en pieux, pieds, corps piégés :
Noir dans le blanc, définitif !

Cibles de pieux fichés en cœur de terre,
doigts-pieux dressés, pieux-poings levés,
pieux plantés, droits : noire confusion !
 
Trait labyrinthique, trait valse désordonnée
d’un Vallotton déchaîné, témoin de l’indicible :
traces noires indélébiles !
 
Le ciel étoilé impassible et muet,
nuit sereine de ciel même pas étonné : 
noir contre le blanc, étrangeté !
 
Entrelacs de fils, Lebels inutiles de pacotille.
Baïonnette suicidaire, xylographie :
Grimace grise de la vie.

Félix, tu es revenu, toi, les yeux toujours écarquillés
sur l’horreur si bien orchestrée, main-mémoire,
loin de toute promise lumineuse félicité.


Ces images qui nous hantent
Ils étaient des milliers rassemblés en baraques
Froid et courants d’air entre les planches qui craquent !
Par trains entiers, ils étaient arrivés
Tassés comme bétail, de leurs effets privés.

Lors, corps nus récurés, jetés dans la froidure !
Pour seul repas, bouillon et miche bien dure,
Dans un pays hostile et un habit enfin
Leur fut distribué. Puis ce fut nuit sans fin…

Mépris, insultes, coups ! Ne furent plus des hommes
Mais machines livrées aux mines et ponts comme
Pour mieux les humilier. Cinq ans ça a duré !
Retour au camp le soir, le vacher, le curé !

Etaient tous prisonniers, hommes du rang sans grades
Des appelés, des fils, époux, des camarades
En chambrée, en popote aussi bien qu’au mitard.
Ailleurs les officiers toujours dans leur costard.

Fatigue, maladie, le médecin de fantaisie
Faiblesse cardiaque, pneumonie, pleurésie,
Et tuberculose ! Mots ni d’or ni d’étain
Pour maquiller le meurtre, pour tromper Pétain !

Les autres ont trimé, à tout prix fallait vivre,
Tenir malgré la faim et les colis de vivres
Ponctionnés, partagés ; faut pas laisser pourrir !
Manger et boire mais voir le copain mourir !

Cinq ans ! Cinq ans, c’est long ! Pas oubliés ! Bien pire !
Car quand sont revenus, se taire ! De là-bas ne rien dire !
Honte à eux ! A ceux qui ont pu fuir : les honneurs !
Résistants ! Des hommes ! Des vrais ! Sont les vainqueurs !

Les prisonniers, voilà ce qu’ils furent au village.
Leur vie là-bas ? Ils durent vite tourner la page.
On ne voulut savoir. Encore le mépris.
Ravagés, sans métier et toujours incompris.

Personne n’a jamais su. Et la nuit, leurs rêves
Ne sont que cauchemars ! Pour eux pas de trêve,
Ils sont en Allemagne, partout des bannis.
Triment, creusent et ploient sous le joug tant honni !

Le jour est autre nuit : tel Caïn dans sa tombe,
l’œil du destin les suit. La faute leur incombe.
Dans le gros rouge cherchent l’oubli. Trahison !
Rêvent d’un naguère avant les chleus, les frisons.



S21 à Phnom Penh Kampuchea. L’école Tuol Svay Prey

Trois ans, huit mois, vingt jours,
Gravés durs pour toujours
Dans traces et corps de mémoire.
Démence rouge de l’histoire.
Violence sans atour,
Mort au filial amour.

Yeux fermés dans la cour,
Phnom Penh pour toujours !
Contre l’arbre devant la mère
Eclate toute l’enfance khmère.
Des cris tout alentour
Tus bien avant le jour !

Père mère à leur tour
Entassés dans la cour,
Broyés, jetés comme ordures,
Morts après d’horribles tortures
Infligées sans tambour.
Impossible retour !

Est-ce imaginable ?
visions insoutenables !
Ongles un à un crochetés,
Genoux broyés, seins violentés,
Inventions innommables,
Abjections véritables !

Khmers rouges indomptables.
Exactions effroyables.
Pol pot en despote insensé
Abolit l’humaine pensée ;
Ecrire est condamnable,
Mains blanches sont coupables.

Chef Duch irresponsable ?
Démence honorable ?
Certains comme bêtes qui errent,
Cachés entre eaux et terre,
Ont vécu l’impensable.
Survivants vénérables !



Où allons-nous ?

Folie des hommes,
livrés à l’argent,
à la puissance des possédants,
potentats sans scrupules,
sans états d’âme,
égoïstement repliés sur eux-mêmes,
sur quelle planète nous emmènes-tu ?

Mènes-tu le monde à sa perte,
sachant ce qu’il risque,
ce qu’il adviendra de notre peuple,
de nos enfants,
notre véritable bien ?
Ta fureur est telle que plus rien ne peut t’arrêter !
T’as pas compris encore ?
 
Prise dans l’engrenage du toujours plus,
Tout, tout de suite,
tout toujours plus sophistiqué,
fiscalisé !
Qu’attendre encore de toi ?
Recommencer tout après l’Apocalypse !
Catastrophe inévitable !  Néant !

S’unir pour en finir

Pour moi pas de prolos, pas d’intellos, pas d’aristos !
Tous dans le même bateau qui va à vau l’eau !
Y a des pourris dans tout c’fourbis,
ceux qui veulent du fric à tout prix !
Des profiteurs y en a dans tous les secteurs !
Faut que s’unissent enfin tous ceux qui ont du cœur,
le sens des universelles valeurs, des convictions
sans personnelles vaines prétentions.

Licencié !

Le poing levé serré
Pouce en paume entré
Tu n’en peux plus de l’injustice
Travailler pour d’autres gratis
Tellement ulcéré
Ne sais plus espérer

Ces beaux parleurs madrés
Engeance délurée
T’ont bien roulé dans la farine
Et t’es tombé dans la combine
T’ont pris pour un taré
T’en es plus qu’effaré

T’es pas pestiféré
Mais bien trop écœuré
Jeté comme vieille chemise
T’as pas récupéré ta mise
Ta santé altérée
Le chômage assuré

Même pas décoré
Tu vas te retirer
Pour près des tiens ronger ton frein
T’as vraiment pas pris le bon train
Yeux rougis, poing serré
Crier ne pas pleurer 

Parachute doré
Pas pour toi l’ignoré
Te voilà refait comme un rat
Chefs et patrons tous des ingrats
T’es pourtant un lettré
Qui hurle poing serré 

Songe de Mars

Dialoguez grises tourterelles
Sur le fond bleu de mes pensées,
Murmurez, vous flots cadencés,
si loin de toutes les querelles !
                            La route lointaine s’est tue
                            D’Azur, Soleil se désaltère
                            Yeux clos, je quitte la terre
                            flotte comme infime fétu.
Qu’ils sont drôles vus de là-haut
les morveux aux mœurs hasardeuses
qui nous bercent d’idées fangeuses
pauvres bougres bien pâlots !
                            Pour avoir sa part du gâteau
                            faut organiser le partage
                            pour ce faire il n’y a pas d’âge !
                            Et mieux vaut commencer tôt !
Beaucoup ont à peine vingt ans.
Déjà ils sont rois du mensonge !
C’est bien eux que je vois en songe !
Elections ! Prochain printemps !
                            Sur les marchés, tous, ils tapinent.
                            Dimanche si doux, tous contents !
                            Souriants, confiants. Pourtant ?
                            Mais savent-ils qu’on les devine ?
Moi, je plane, seul, inutile.
Il aurait fallu, autrefois,
du temps du pur Bérégovoy
lâcher les besognes futiles.
                            M’engager aux côtés des vrais
                            eût été vraiment noble tâche
                            bien que, hélas, déjà je sache
                            qu’un gueux jamais ne gagnerait.


Mon coup de Dé-lire ! Le « T » qui change la face du monde.

         Dire qu’il aurait suffi de changer un son et on n’aurait jamais entendu le canon, et la lyre d’Orphée aurait toujours résonné dans toutes les contrées. Pas de missiles mais que des missives, pas d’obus mais que des aubes…Facile !

         Lire aurait suffi, faire jouer les zéphyrs avec les cordes divines pour vite oublier l’ire malfaisante qui tue le rire de l’enfant-soldat. Mais non, toujours, osons le dire, c’est le pire qui est à venir.
 
         Il aurait suffi d’une lettre pour lire, dans le vent et le ciel, le chemin de paix et d’espérance. Il aurait suffi d’une lettre pour que l’ire qui tue l’enfant soit le rire de la concorde, le rire du régiment.

         − L’alphabet a trop de consonnes dit l’enfant et j’ai dû apprendre le tir pour bien montrer la différence entre le tien et le mien et  prouver aussi que je reconnaissais la mire.
         − T t t dit le maître ! Fais ce qu’on t’ordonne et tais-toi ! Tire ! Encore ! Tire !

         Et l’avion est tombé !

L’été des Vieux

         Enfants rieurs, bébés flotteurs, rires, éclats, cris, joie, éclaboussures, odeurs sucrées, sel de la vague, sel de vie ! Jeunesse qui passe par groupes chahuteurs !

          Et eux sont là, lassés comme déplacés, évacués, oubliés. On les rencontre souvent seuls, devancés, tirés, traînés par un vieux chien. Parfois, ils sont deux, peu importe le sexe ! Même à deux, personne ne les voit. On les bouscule parfois et ce sont eux qui s’excusent d’être encore là, si las, délaissés, épargnés, rejetés.
         Délicatement ils glissent dans le présent, sourient : habitude, nécessité, magnanimité.
         Ils sont toujours pâles. Leur regard vous frôle doux, léger comme l’aile d’une brise qui s’essouffle, si léger que votre peau n’en frémit même pas. Leur regard se pose comme duvet du temps qui passe sur des bambins qui trottent, sur l’enfant qui s’applique à un château de sable, sur des amoureux de quinze ans qui découvrent mille nouveaux frissons.
         Ils voient et marchent toujours droit devant eux. Ils vont. Nulle part. Ils vont.
         Et quand le soleil s’affaisse sur l’horizon, ils disparaissent avalés par quelque porte cochère. Ils s’enferment, persiennes closes. Ils se couchent vite, pleins de rêves, de souvenirs de baisers volés, de baisers donnés autrefois, de chagrins consolés, de rires en corolle. Et ils écrasent en silence la perle de sel au bord de leurs paupières rougies, les yeux  fixés sur un téléphone depuis trop longtemps muet et s’ils finissent par s’endormir, c’est chaque fois en espérant que ce soit la dernière fois.

         On les appelle nos vieux. Ils ont tout donné. On croit ne leur devoir rien.

 
Avenir assuré


Il faut passer tous les vieux à la moulinette !

Pas les bébés !
Personne ne l’a jamais dit pourtant ils y ont tous songé.
Mais auparavant, de les bien traire jusqu’à la dernière pièce, ne pas oublier !
Et de les faire cracher tous leurs avoirs au bassinet.
Ne pas oublier surtout de les vider comme pigeons prédestinés !
Et puis les tondre ou les plumer jusqu’à les rendre glabres de la fontanelle à la plante des pieds
Surtout ne rien jeter !
Tout réinjecter dans l’économie de marché.
Et même le tas de viande aux os mêlés finement hachée nourrira des milliers d’insectes, de larves, de sauterelles, de  vers et d’araignées.
Ce sera la base de notre bol nourricier richement protéiné !
N’est-ce pas cela l’avenir de la Cité ?
Dis Socrate, là-dessus, quelle est ta pensée ?
Et Freud, dis, c’est-y pas vachement sensé comme projet ?

Tout ça, c’est tout de même une perspective super chouette !

 

Ovillers-la-Boisselle: Lochnagar Crater

 

Le vent chevauchant l'étalon venu du Nord bondit de butte en motte, de motte en tumulus, lacérant encore ton ventre énorme de femme violentée, outragée, scarifiée par le scalpel implacable de la haine froide et cupide.

 

Ô terre de souffrance, martyre de la folie des hommes, tes stigmates saignent les jours de grande pluie, tes plaies sacrées s'ouvrent à chaque orage. Tes chairs sombres qui furent si prodigues pour nos tranquilles aïeux ne sont plus que refuge d'une faune abandonnée et fument sous les chaudes paumes d'un soleil navré.

 

Il a tenté maladroitement, avec l'aide naïve des survivants, de panser, d'un vert linceul piqué de coquelicots et de fragiles marguerites qui ne mentent jamais, tes béances impudiques.

 

Ô toi, nourrie du sang de mes ancêtres qui te chérissaient, qui t'aimèrent à en mourir, pour toi et leur descendance, j'ose à peine t'étreindre de mes regards voyeurs dont l'indécence comme un boomerang me fait tomber à tes genoux.

 

Ô ma terre, ô toi qui m'a engendrée, toi si généreuse dont le lait gonflait le pis des vaches de chez nous, toi qui chantais sous juillet, qui, reine de l'été, flamboyais sous le riche velours des orges et des blés !

 

Tu gémis aujourd'hui exposée, examinée. Tu te lasses. Tu voudrais qu'on oublie comme tant de fois, toi meurtrie tant de fois déjà.

 Il faut témoigner, ils disent!

Mais Toi tu tressailles, le printemps venu, et je sais bien que tu voudrais retrouver le pas lourd et familier si apaisant et si vrai du laboureur.

Toi, depuis longtemps tu as pardonné.

Tandis qu'un vol de corbeaux gerce les lèvres du Temps, tu cambres encore et toujours tes reins magnanimes sous les embrassements d'un ciel lourd et pénétrant et, lascive, en vain tu gémis.

 


La danse et la vie

Le corps, c’est la vie qui coule
Conquérant, le vent il foule,
Vibre en arc en ciel tendu.
La danse est son écriture.
Le geste éploie sa posture,
Bras nu comme suspendu.

Corps à la fois encre et plume,
L’eau ou l’air par toi s’allume.
L’espace de toi s’éprend,
Ta danse est un poème.
Du ciel, tu es l’anathème.
L’enfant, lui, te comprend.


Harpe et voix

Aux sources universelles du temps.
Récital, jour du bonheur, du printemps !
On plane entre ciel et terre.
Douceur oui ! Ether !

Mots simples, de la terre et la mer et du vent,
Récital d’au-delà les terres du Levant.
Sont trois femmes qui chantent l’amour de la vie,
En parfaite osmose avec le monde. Harmonie.

Voix intemporelles bien au-delà des maux
Que la voix apaise, que transcendent les mots.
Harpe coule en cascade et en perles d’arpège.
Vole en creux scintillants de cristal et de neige.

Empreinte sensible qui nous prévient.
C’est comme d’un rêve d’où l’on revient.
On reste entre ciel et terre.
Entendre et puis se taire.


Elle est toujours là !

Quand il appelle Poésie,
Vite elle arrive en un frisson !
Libre de toute frénésie.
Quand il appelle Poésie,
Rhapsode entonne une chanson.
Quand il appelle Poésie
Vite elle arrive en un frisson !


Le Penseur de Rodin

Bronze buriné
La pensée personnifiée
Porte des Enfers

Un rayon t’embrase
Humanité à fleur d’âme
Transfiguration


Veuve de fantassin

Brune épouse esseulée
Sous les cieux étoilés
Parce qu’à la guerre il est parti
Et qu’il n’était pas un nanti
Tu trimes dans les blés
Et ton sort est scellé

Fut fauché sans trembler
Au sein des barbelés
Ce bel homme tant attendu
On ne te l’a jamais rendu
Te voilà exilée
Ta vie de noir voilée


Femme de prisonnier

Brune épouse abandonnée,
Si jeune et déjà fanée
Par la fatigue et l’angoisse,
Oh quelle poisse !

Ton cœur l’attend et l’appelle
Tandis que tu manies pelle
Et râteau dans le jardin.
Rien de mondain !

Quatre ans ont déjà passé
Et tu en as vraiment assez,
Le soir, seule dans ton lit.
À la folie !

Ton enfant est mort de froid.
C’était en quarante-trois,
Un jour de bombe et de pluie.
Plus rien ne luit !

Père, mari, mort aussi.
Et de ta vie rétrécie
Tu voudrais enfin sortir.
Te faut partir !

Par la mort ou par la vie ?
Vivre est ton unique envie.
Si ! Tu as droit au bonheur.
Finie la peur !

Une autre vie tu feras
Encore te marieras
La chance enfin va t’échoir !
Toujours l’espoir !

 

Mes saisons d’enfance

Juillet rit au matin des moissons
et je grimpe sur le cheval moteur
que je chevauche sans façons
Peu m’importent de tous les garçons
les ridicules allures et les regards moqueurs
Je m’enivre des blés mûrs des chaudes odeurs
mon océan d’ondoyantes et brûlantes blondeurs.

Octobre s’embourgeoise de tous ses oripeaux
et je cours par les crissants chemins froissés
que les vents volent aux étourneaux
Peu m’importent  les malveillants propos
 Je jubile aux senteurs de l’automne pourpré
J’emplis de champignons mon panier
et je chante à tue tête aux vols des passereaux

Janvier complètement givré me transit
Le froid la laine la bise piquent
Bonnets  doigts gourds et gros bas gris
je glisse sur la mare et mon bonheur je fabrique
malgré le froid  la neige qui me font la nique
mais le soir les pieds libérés sur la brûlante brique
mon corps dans la chaleur du grand lit s’engourdit
 
Avril les hormones s’affolent et tout s’émeut
Il pleut des soleils des billets doux et des promesses
Je guette le retour de la mésange bleue
Genêts et jonquilles chassent la mousse épaisse
J’arbore ma nouvelle coupe de cheveux
Je me pavanne en souliers neufs avec ivresse
et je pense que du ciel il tombe des oeufs

 

 

 

 

Une sélection de petits poèmes

2014 2015 2016 2017 2018  2019 2020

 

 

Joyeuses fêtes


Je vous offre du rêve
Je vous offre du vent
Que du meilleur la fève,
Rien de ce qui se vend !

J’ai choisi pour ce faire
L’image d’un ailleurs
Souvent bien éphémère,
Les plus belles couleurs.

Je vous offre du rêve
Dont on a tant besoin !
En ce moment de trêve,
Décevoir ne veux point !

J’ai choisi mots et phrases
Ne sachant pas comment
Pour plaire sans qu’on jase
M’y prendre autrement.

Je vous offre un voyage
L’espace d’un instant ;
Souvenir selon l’âge
Ou pour prochains printemps.

L’amour ne se mesure
À l’aune de l’argent
Mais à la valeur sûre
Du vrai dessein des gens.

Je vous offre du rêve
Facile à transporter
Par le rail, par la grève,
L’hiver comme l’été.

Demain, rien à revendre
Mais pouvoir, enchanté,
Dire sans se méprendre :
La vie ? Quelle beauté !

Je vous offre du rêve
Je vous offre du vent
Que du meilleur la fève,
Rien de ce qui se vend !

Décembre 2015







Leçon de vie donnée par le poète qui disparaît !


Il fait mer, il fait soleil dans ma tête, dans mes yeux. Pas d’alarmes, pas de larmes ! Tintamarre de bleus en grand silence d’oraison dans les sentes d’écume. C’est la Nature en sa plénitude matricielle.
Il fait mer, il fait lumière dans ma peau, dans mon ventre. Pas de transes ! De l’âme, la vacance. Horizon en feston d’ondes minérales pour un ciel en amour de neige nouvelle et de dociles ombres en partance.
La montagne toujours respire. La mer doucement soupire. Les nuées limpides les aspirent.

Pourtant le poète est parti dans un ailleurs interdit. Il n’avait pas encore tout dit. Il apprivoisa sa vie. Alliance, il fit aussi avec la Mort parce qu’il le fallait bien ! Il n’est qu’un humain ! Vaut mieux s’en faire une amie plutôt qu’une ennemie !
Vivre, vivre encore, chanter la Vie, intensément, insensément, et partir en paix, elle le lui avait promis. Semer toujours et encore pour toi et les autres, pour aujourd’hui et encore plus pour demain et puis s’aimer : toi et les autres sans jamais fuir.
Hyène pas folle, bien tôt, lui vola un enfant. Il l’avait alors terriblement comprise, l’indomptable faucheuse. Elle le veilla et pour lui, elle attendit son heure. Une nuit, elle a bondi. Le poète est parti sans bruit.

Et toujours il fera mer, il fera soleil dans nos poèmes et dans nos cœurs. Pas de vaines prières, pas de pleurs amers. Tintamarre de bleus pour oraison vibrante en ce jour de paix et de retrouvailles.
Toujours il fera joie en nos têtes et en nos voix quand rien que pour soi, sans forfanterie, au creux de son chez soi, humble enfin, chacun te lira.
La montagne toujours respire. La mer doucement soupire. Les nuées limpides les aspirent.




 

Viva la vida

Refrain


Elle n’avait rien demandé
mais elle est arrivée,
luciole égarée,
par le vent apportée
juste en fin de l’année.
 
I
Découvrir notre monde,
quelle infernale ronde !
Et Munich en émoi,
quel étrange pavois !
 
II
Mais Saturne veille
et fera des merveilles.
Il lui faudra grandir,
neuve à la vie s’ouvrir,
 
III
transformer en lumière
les obscures frontières,
les cendres du passé,
l’âme des trépassés.
 
IV
Sera nouvelle Jeanne
sans moutons et sans cane,
sans hache ni carquois,
sous le ciel munichois.
 
V
Il est nouvelle étoile
brisant le sombre voile,
étincelle d’espoir
en plein cœur du miroir.
 



Le soir au coin du feu

Il flamme au ventre de ma maison. Il flamme en creux de mon île des quatre saisons. Il flamme au cœur des eaux qui se mêlent. Du ciel, de la terre et des mers. Il flamme du bois ramassé en plein été par moi, bois blessé, bois cassé, bois qui se transcende. Il flamme avant la cendre douce de demain, chaude, vivante, généreuse, qui nourrira mon jardin.

Foyer docile et pérenne en quête de carême et de pâmoison.

La nuit vient et il flamme dans le cœur des hommes en quête d’eux-mêmes et de raison. C’est l’heure du songe, de la méditation. Le vent s’arrime aux rochers, aux mâts des voiliers qui cognent sur les quais, s’entortille dans les genêts, les tamaris en furie.

Souffle tout autour, ici, là, partout. Souffle de puissance, souffle pour une renaissance.

Et il flamme au ventre de ma maison dans lequel, corps et âme ensemencés d’étoiles, je berce ma torpeur et j’écris. La nuit est là en lune d’automne éreinté et il flamme dans mon rêve éveillé pour secouer cet arbre de pensées en foison emmêlées.

Quel phénix insensé surgira émerveillé de cet incendie apprivoisé ?

Il flamme toujours en fin de journée quand aux premiers froids les voix se taisent au ventre de ma maison au cœur des eaux de sel et de pluie qui se mêlent. Et coule, inexorable, le temps aux vagues vagissements des souvenirs qui s’épuisent et s’épurent.

Paix dans la tourmente auprès du feu fidèle venu du fond des âges.

 

Humanoïde

C’est un soir où tout se teint d’ambre de cobalt et de pourpre
C’est un soir où d’âme lune les nues éternuent et se pâment
C’est un soir où s’éteint l’alarme des cigales à l’ourlet de nos rêves
C’est un soir où d’amertume s’effrite le vélin griffé qui se fronce

C’est un soir de juillet turbulent en attente de certitude déchirante
et coule l’anesthésiante agonie toujours provisoire d’un soleil indifférent
ricanant même à la hune transie qui cogne le vent mollissant.
Et toi tu t’indignes maudissant ta triste condition d’humain vieillissant.

Irréversibilité du temps qui dégouline en lames de feu en ton corps soudain révélé
en larmes d’ire vaine, en torsions d’airain sournoises et mesquines.
Craque ta carcasse lassée d’abandon et de déni par tant de mépris cavalier.
Maudit soit ce corps d’onde et d’artifice qui te révèle soudain ce que tu es :


Hère de misère et de rien !

 

Poésie du Réel.


Médecin qu’on dit généraliste, médecin 2, ostéopathe, kinésithérapeute, rhumatologue, pharmacienne, radiologue, infirmière 1, infirmière 2, brancardier, Carte vitale. CARTE BANCAIRE, rendez-vous, horaire, patient…. SOUFFRANCE
Laboratoire, prise de sang, analyse, tension, résultats, formulaire, questionnaire, DOSSIER, carte vitale, CARTE BANCAIRE, rendez-vous, horaire, planning, sous-cutanée, étiquettes, cliché 1, cliché 2, cliché 3. Compte rendu 1, compte rendu 2, DOSSIER, hanche droite, hanche gauche, votre caisse ? Votre mutuelle ? Ordonnance, prescription, médecin consultant, médecin référent…. SOUFFRANCE
Rendez-vous. Votre généraliste ? CARTE BANCAIRE. Régime ? Médicaments ? Maladie chronique ? De la famille ? Vous êtes seul ? Fumez-vous ? Avez-vous fumé ? Date de naissance ? Profession ? Quelles interventions ?.... SOUFFRANCE
Téléphoner, piquer, scanner, radiographier, analyser, commenter, questionner, répondre, retenir, attendre. Répéter, dire, redire encore, s’étonner, se fâcher, écouter, écrire, lire, décliner, payer, pousser, marcher, ironiser, accuser, ausculter, heurter, gérer, noter, classer …. SOUFFRIR
Analyses, échographie, radiographie, infiltration1, infiltration2, IRM ; scanner 1, scanner 2, hôpital, étiquettes, ambulance, canne, fauteuil roulant, béquilles, table d’examen, poids, contrôle…. SOUFFRANCE. Papier, papiers, des papiers agrafés, à classer, par dates ? Depuis quand ? DOSSIER. Mutuelle. Sécurité sociale ! SOUFFRANCE. SOUFFIR
Tendinite, hépatite A, B, C, E, tiens où sont les D ? Alea jacta est ! Et le sida ? Pourquoi pas ? Analyse. Cartilage ? N’y en a plus ! Érosion, accident ? SOUFFRANCE. Maladie orpheline, hémochromatose, coxarthrose, ça tu le sais….Au fait, au fait nouveau s’il vous plaît ? SOUFFRANCE

Tout un parcours sans boussole, sans repère, sans balise. C’est un monde nouveau, un gouffre qui aspire, qui avale. Français lambda, on se voit dans de beaux draps ! T’es français ! Tu sais ! L’autre que tu as accueilli chez toi, il a bien plus de droits que toi ! Tes yeux tu écarquilles, te voilà sans voix ! Et tu te dis, toute ma vie j’ai donné, jamais demandé assistance, et aujourd’hui tu dois tout prouver, toi ! Répéter, dire, redire encore! Et puis SOUFFRIR !

CARTE BANCAIRE. Toi, tu l’as ! Tais-toi donc ! Il y a tellement pire ! Alors t’attends, et la nuit tu écoutes tes sangs qui se rongent en silence. Et ça fait six mois que ça dure !

T’as pas encore compris qu’il faut hurler, qu’il faut maudire, qu’il faut bousculer et c’est alors qu’ILS se diront, tiens, faut s’occuper de CELUI-LÀ !

 

Respirer…encore.


Suggérer ce que peut être la paix en quelques coups de crayons laissés par les enfants il y a bien longtemps...sur une feuille de papier déjà souillée.
Coups de crayons fort malhabiles, griffonnage d'un soir chez soi, près de ses palmiers mal entretenus quand le vent s'est tu, saine occupation des doigts tandis que l'esprit chiffonne le noir et le gris !
Le tamaris s’enrhume et ne sourit plus. Son rose doux et généreux poudre les choses et les âmes tout alentour.
Les mots s’éteignent à l’étouffoir de la sidération et pourtant dire, dire tout de même autrement comme l’enfant qui s’évade, loin, là où l’on se sent si bien. Dessiner ce qui est beau, ce qui est bon, colorier le monde à sa façon. Oubli nécessaire, temporaire, vital !
Malgré soi, s'entonnent les murmures des antiennes d'espoir en éclats de factices lucioles. Tiède nuit de juillet qu'on est si heureux de respirer...encore.

La vie toujours gagnera.




 

Cymbales d’un matin neuf.

Un jour nouveau éternue
en eau-forte d’un hier
en esquisse pour un demain.

Café serré entre routine et coups de fil
Fantaisie en sourdine tenue dessus les toits.
Éclats des cuivres des heures premières.

La partition gravée en nécessité
Pas de soupirs, pas de surprises
Prévoir couacs en importuns.

C’est du LIVE toujours
Mais finie l’improvisation
Fini le bœuf des années cool.

Au pas on va marcher.



Une sélection de petits poèmes

2014 2015 2016 2017 2018  2019 2020

Pic après pic, dard après dard, un à un sans compter ma main arrache et jette loin.

 

Mille brûlures.

 

Y couler l’alcool de l’oubli si difficile à trouver. D’un ailleurs utopique.

Souffler dessus les plaies vives les couleurs d’un ciel d’enfance, les senteurs de rentrée des classes de jadis, les saveurs de confitures et d’encens,

verser doucement, à petits flots, ces paroles jamais entendues, toujours tant et tant de fois rêvées.

 

Ouvrir grand les yeux et toujours ne rien voir, que l’ombre dans le miroir déformant de l’autre en grimace.

Écouter vibrer l’anche invisible de cet avant, avant quoi ?

Avant quoi ? Dites-moi ! Avant moi ? Avant eux.

Encore. Ne rien entendre. Encore.

J’y crois !

 

Je te promets un soir scintillant, des étoiles dans les yeux de tous les enfants du monde entier, un sapin aux mille feux improbables, une ambiance de folie dans ta cuisine…

J’y crois comme un zéphyr d’été

J’y crois comme une chanson d’amour

J’y crois avec ferveur

J’y crois toujours même si la forêt reste noire même si la neige glace mes nuits désastreuses même si la solitude m’hypnotise toujours et encore

Et même si c’est pas vrai, on fermera les yeux et alors tu me diras merci !

Chypre à la manière de Guillevic

 Au Nord de l’île de Chypre, l’atmosphère
A quelque chose d’irréel.

 C’est un état dit-on
Peut-être, mais fantôme flottant
Que personne ne reconnaît

 Où les hommes, le passé, le présent
la mer, les rochers, les plages douces aux pieds,
Les remparts vénitiens, les vestiges grecs et romains,

Le port de Famagouste, la tour d'Othello, le buste de Shakespeare,
Le château de Saint Hilarion, les voiliers de Kyrenia,
Les cafés, les artisans du cuir, les vendeurs de pistaches,
Les majestueuses bâtisses abandonnées, les sycomores millénaires,
Et toujours les hommes, le passé, le présent
La ville tranchée de Nicosie, le souffle d’Artémis,

 Tous ensemble et séparément hurlent
au monde moderne et bien-pensant

 Pour qu’enfin le Peuple soit politiquement visible.

 

 

Un jeudi à Leucate,

Leucate d’automne rigolard,

c’est la Terre à l’envers,

c’est marcher sur le ciel,

c’est nager dans les confetti d’une débandade !

 

C’est sauter à cloche-cœur sur la cime des étourneaux détournés vers l’infini,

c’est crever l’endomètre du temps,

c’est le mur du son qui carillonne,

c’est la Muraille du chineur qui devient sable et eau,

c’est un trou de vers durs et insensés dans un agenda,

c’est une mine de plomb qui trépigne d’impatience,

c’est un curé de campanules qui se défroque et qui gigote,

c’est un sous-préfet aux chants de victoire,

c’est la gloire de Montpensier,

c’est la Chartre gueuse des partouses,

c’est la tête qui se déboulonne.

 

c’est mais c’est bien-sûr,

c’est le soleil

qui dégringole sur l’écheveau de Vénus,

qui s’agrippe à l’écume du jour

c’est le soleil

qui titube et s’esbaudit,

qui éclabousse les neurones,

qui a décroché la lune

pour une partie de balle au bond,

qui défie les heures et même les secondes,

pour mimer l’Éternité.

 

Un jeudi à Leucate un 5 octobre,

c’est tellement mieux

qu’un clair de lune à Maubeuge !

C’est tellement mieux

qu’une joute verbale à Montpellier !

 

1990. Mon Bénin

 

Pays d’ocre et de sel, d’ocre et d’eaux dormantes, ta nuit psalmodie sans fin la béance de l’éternité offerte à celui de qui seul le vent irise l’ébène sous les cils.

Le sel s’est éteint en ses prunelles natives mais les antiennes, prières et louanges caressent les moites nuées

se gonflent de toutes les peurs de toutes les outrances

glissent sur le Ganvié effervescent

crèvent en bulles de phosphore autour des cases mouvantes

ensorcellent les pilotis moussus rongés d’attentes stériles d’agonie programmée mais sans discontinuer la nuit rouge berce les corolles de moustiques et le cœur nacarat de la femme écarquillée, navrée, saveur fade de neige peignée, entre draps aseptisés de cet hôtel climatisé d’irréalité de fausse virginité.

 C’est de Porto Novo à Cotonou l’âme Vaudou qui envoûte toute la mangrove.

Bat toujours la garance épaisse sève d’un peuple pétri de l’ocre glaise qui rouille terres et châteaux ancestraux où d’écarlates féminines coulées ont enfoui à jamais veuves effondrées après sauvages et mâles létales guerres sans nom.

Roi-Lion Gléglé veille gouverne encore et toujours les mémoires avides.

Rouge de deuil, rouge de soleil, s’élève vers les cieux laiteux le fumet entêtant de la chair corruptible pourtant nourricière offerte aux chalands.

C’est Abomey qui pulse et qui s’enivre de gloire Béhanzine.

Et de Bohicon à Natitingou, de Kérou à Tchaourou, de Kandi à Djougou, de Bambéréké à Bétérou en foule abusée et naïve a coulé jadis veine crevée et généreuse la riche lave béninoise vers le port de tous les espoirs et désespoirs la miroitante Ouidah.

De Ouidah à Gorée, corps perdus à jamais.

Pour le scintillement narquois d’un lilial imposteur. Gâchis et blanche trahison !

 

Une sélection de petits poèmes

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Coquelicot

 

Ô oui Coquelicot, Ô oui ! Je prononce ton nom en un souffle de feu en mes rêves, en mes dits, là où je vais, là où je passe, là où tu ne pourras jamais être qu’en effigie !

Je chante ton nom d’éphémère, le scande, le lance, le rattrape, le goûte dans ma gorge salée, le lape et le caresse de ma langue native.

 

Ô oui Coquelicot solidaire du sol gras et rugueux d’une âpre Picardie en ta multitude effarée et naïve,

Coquelicot des talus herbeux, des prairies de lumière voilée, coquelicot d’écolière sage, de petite sœur docile,

Coquelicot en poupée de mes promenades enfantines, de mes premiers rires, de mes premiers jeux,

Coquelicot géographe qui m’a fait voyager en ignorante ingénue,

Que les mères aux cœurs gros à aimer l’enfance qui se broie clament leur vaine souffrance

Car tu es l’enfant nu né de la Femme éternelle, tu es le sang en flots d’espérance qui pulse et jaillit de tous les pays du monde par amour de liberté,

Tu es cet imberbe à peine pubère que le poil assaille tandis que l’horreur et la haine te font grandir en démesure d’humanité,

Tu es chaque goutte de la sève d’une génération sacrifiée, d’un idéal qui vole en éclats d’obus affolés et tyranniques,

Tu es le soldat de 14-18 qui court en vague démente sous un orage de ferraille qu’il ne comprend pas, qu’il ne savait pas, qu’il ne trahira pas,

Sang du poilu dans la glaise outrageante répandu chaud et fumant, sang jeune et viril arrivé de si loin, de tous les coins perdus de la Terre,

Sang rouge et violent de ces enfants de partout venus, sang juvénile des terres brûlantes de l’Équateur et des Tropiques, des terres glacées d’un Canada d’Utopie et de promesses,

Sang toujours même, unique, si précieux, si riche, infiniment glorieux et vain à la fois.

 

Coquelicot, goutte écarlate de vie gonflée, brille toujours sur la terre de mes ancêtres vénérables qui n’en demandaient pas tant,

Multiplie toi toujours plus tandis que chacun se remémore l’impensable ignominie que d’aucuns ont fait croire juste et nécessaire,

Brille encore et encore en ta robuste fragilité en toute saison, bien vivant et frais sur la terre matrice ou bien même factice mais porté haut au revers d’une veste, véhément en bouquet sur ma table de travail,

Resplendis toujours tel un défi ostentatoire, fier, insolent mais tellement humain partout où je suis, partout où je passe, partout où je te porte et t’emporte,

Éclate en lettres de feu et éclabousse de ta douceur et de ton pardon tous ceux qui te rencontrent.

Qu’on voie en toi, Coquelicot de ma campagne originelle, bien au-delà de ta soyeuse corolle, bien au-delà de ta séduisante souplesse,

Qu’on ne voie en toi, Coquelicot aux cinq pétales, cinq continents, d’un rouge si pur, qu’amour, fierté et audace, jamais la honte ni l’oubli !  

-:-:-:-:-:-:-:-:-

 

Ce matin Chopin  2/05/2018

 

Lever de rideau sur carte postale printanière

Deux mai en éveil de clairon panique

Et puis là Chopin

Calme Pacha là Le Chat

En sa passive présence

Quiète rousseur souveraine

Domination tranquille.

Splendeur du petit matin malin

Lavé des outrages de son hier remisé.

 

Et puis Chopin en sa gloire de lune rousse.

Léonie la grise bougonne assise attend.

 

Face à face muet rien ne bouge

Montera         montera pas

Territoire en obligatoire partage

Lui depuis longtemps règne prince légitime

Elle princesse exilée volontaire s’impose

Moi         toi          les autres

C’est l’éternelle guerre latente des errants félins

C’est à moi            pas à toi

Toi ou moi           pas toi et moi.

 

Terrain de jeux privés pas innocents

Sanglants souvent.

 

Trop         trop           chez eux          chez moi

Dans le cristal d’un moment échappé

À la course du temps

Ils sont là tranquilles impérieux définitifs

Derrière elle       la lagune

Devant elle        son obsession

Devant lui         l’avenir en diadème d’aurore

Il sait qu’il Est

Seigneur et Maître !

-:-:-:-:-:-:-:-:-

MAI 2018     8/05/2018

 

Le 6 c’était dimanche, le jour des chrétiens.

Le 7 est la veille du 8

Et le 8 c’est la fête laïque,

Le 9 c’est la veille du 10

Et le 10, c’est rien le 10 !

Mais si c’est l’ascension c’est chrétien !

Le 11 c’est la veille du 12

Et le 12 c’est samedi c’est bêta !

Depuis longtemps le samedi on n’travaille pas !

Alors 7, 9, 11 trois jours sur 5 à travailler ?!

Travailler en pointillés ? Pas pour nous

Les grands marcheurs !

 

Ah non !

C’est bon pour

Les enseignants

Les FAINÉANTS,

les commerçants !

À notre service ! Pas de sévices !

 

Nous les courageux, les pas riens,

Les adulés, les courtisés, les illuminés,

Les exaucés, les bons apôtres

On n’va pas bosser, on fait des ponts

Des ponts modernes, des ponts de quadras !

Bénédiction !

 

On ira peut-être voir les moins que rien

Un coucou ça n’coûte rien

Surtout quand c’est chez les siens !

 

Mais une semaine comme ça

Ça ne se gâche pas ! Une telle aubaine !

Les riens savent attendre et puis…

 

On part plutôt pour une destination lointaine

L’Armorique, l’Amérique, le Mexique

Et tique, tique!

On leur laisse les moustiques !

Et si seulement…

 

Patienter encore une bonne décennie

Deux à tout casser et puis…

On aura gagné ! Plus de rien !

 

Ah s’ils savaient, pauvres quadras !

Comme ils se font baiser, instrumentaliser !

-:-:-:-:-:-:-:-:-

Pluie bleue ce matin  7/05/2018

 

Il pleut des planches bleues

à côté de chez moi.

C’est bruyant

des planches bleues en pluie

Au printemps !

 

C’est pas normal

une pluie de planches même bleues !

C’est pas normal

à côté de chez moi

depuis quatre mois déjà !

 

Moi, j’en aurais fait des fagots

que j’aurais portés en brassées

au bas de mon escalier.

Je les aurais offertes

mais personne ne les aurait aimées !

 

Alors propres et bien polies

les planches bleues

de mon voisin

sont tombées en averse

ce matin à côté de chez moi.

 

Démodées, obsolètes, désuètes,

les planches bleues !

C’est un parquet du passé

tout juste bon à casser !

À brûler sur un bûcher !

 

C’est pourquoi ce matin

à côté de chez moi

il pleuvait des planches bleues

à ramasser en brassées

sur quelques dalles à peine égratignées.

-:-:-:-:-:-:-:-:-

Un matin qui fait pschitt   25/04/2018

 

Petit jour bonbon d’antan qui fait pschitt, petit matin cachet poudre de l’enfance ! Pétillement paille, rose, azur s’entortille dans les ramures des palmiers qui s’époumonent dans un potron-minet en déclinaison de vert, de rouge, de parme et de pourpre, de jaune-ciel et de mauve-bleu.

 

Chatouillis d’innocence sous la langue.

 

Touffes feuillues, pétales qui se déplient, corolles qui s’écarquillent, bourgeons plumets friselises farandolent et sautent de la lagune au ciel. Fantaisiste origami.

 

Fanfare épiphanique.

 

C’est havre de méditation, île d’expectative trépignante, c’est avr-il tout simplement. Il est six heures, Vénus s’éveille pour moi seule.

 

Paix ici !

 

Le vieux tamaris fait la gueule ! Les étourneaux l’ont trop piqueté cet hiver. Il lance navré et frileux les invectives de son triste squelette comme autant de bras décharnés d’aïeux depuis longtemps trépassés. S’il avait su, il aurait été moins sympa ! Il a laissé faire, faut pas !

 

C’est tant pis…pour lui !

 

Sel, sucs en effervescence, sève vierge extra, senteurs en gerbes liliales titillent narines et pores fraîchement purifiés avides et naïvement cupides. Respirer, inspirer, expirer en cadence, c’est bon pour la santé. On dit !

 

J’en ris, ça va éternuer tantôt !

 

Miroir salé. Cers, Tramontane, Marin font la fête…ailleurs. Encore. Ensemble ou pas. Qu’importe ! Haleine Colgate ou bien Sensodyne, je ne sais plus, souffle juste.

 

Calme,  pauvreté mais sérénité !

 

Je serai gaie, je l’ai décidé ! On est jeudi, souvenez-vous jeu-di ! C’était récré toute la journée ! Tel que je le dis, eh oui, Manu ! Y avait aussi caté ! T’es rassuré ?

 

Fallait pas que je l’oublie, celui-là !

 

 

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2019

Noyade

 

Ce soir, mon ombre s’est noyée

Dans l’eau de Méditerranée.

Je n’ai rien fait pour la sauver.

 

Lui ai tourné le dos, heureuse !

La mer rieuse et enjôleuse

Chantait sa meilleure berceuse.

 

Il faisait chaud comme en juillet !

Le passé aussi s’enfuyait

De ma vie les anciens feuillets.

 

Suis partie, beaucoup plus légère.

Sans me retourner, l’âme claire,

J’allais vers la pleine lumière,

 

Le pas leste, cheveux au vent.

Les Corbières droit devant

Accueillaient le soleil couchant.

 

Finis soucis et triste mine !

C’est histoire qui se termine.

Me moque si d’autres fulminent.

 

Je profiterai de l’instant.

De vivre, je prendrai le temps :

Été, automne, hiver, printemps !

 

Non, plus d’inutiles contraintes,

Horaires de vaines astreintes, 

Malade sans aucune plainte !

 

Fatiguée me reposerai.

Malade, je me soignerai.

Plus jamais je m’obligerai !

 

Ce soir, mon ombre s’est noyée

Dans l’eau de Méditerranée,

Me voilà comme nouveau-né !

 

La nuit sera de lune pleine :

Regarderai la souveraine

Pourvoyeuse d’ombres sereines,

 

Qui, scrutant le jour à venir,

Mes brillants projets d’avenir

M’aidera à les retenir.

 

Je sais bien, en fine mouche,

Que le soleil, quand il me touche

Hors de ma douillette couche,

 

Toujours accroche sur mes pas,

-Le fera jusqu’à mon trépas-

L’histoire dont je ne veux pas !

 

Alors la Méditerranée

Quand je serai trop chagrinée

Noiera mon ombre malmenée !

 

Et les nuits de lune pleine

Refusant les prières vaines

Récrirai une vie de Reine !

 

 23 Septembre 2018

-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:

Habitudes hivernales

 

Un rouge gorge

Qui flambe grave       

Dans un rayon de soleil rasant

 

Deux pies, longue queue

Qui picotent la gouttière

Sans cérémonie pourtant

 

Trois goélands gourmands

Qui se disputent un merlan

Au-dessus de la lagune

 

Quatre étourneaux tout émoustillés

Qui pétillent comme Champagne

Sur le bord de la cheminée

 

C’est spectacle quotidien du petit matin

 

Un Cappuccino mousseux

Qui transpire de persévérance

En la grande tasse blanche

 

Deux tartines véhémentes

Qui grésillent de concert

Entre deux couverts

 

Trois noisettes têtues

Qui roulent tête nue

Sur le bord de l’assiette

 

Quatre amandes liliales

Qui font taches blanches

Dans l’ombre labile matinale

 

Cinq grains de raisin de Corinthe

Qui frétillent grave

En brune robe fripée

 

C‘est parfum d’habitude matinale

 

Et c’est un jour toujours nouveau qui débute

Sans fanfare, sans trompette

Sur ma presqu’île si tranquille

 

Mais où sont les canards ?

Léonie viendra-t-elle par ce grand vent ?

De quoi cette journée sera-t-elle faite ?

Quelles surprises me réservent ces heures

Qui toujours s’égrènent sans mon consentement ?

 

Moi, j’aime grave le petit matin !

 

-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-

Disparition

 

À force de scruter la mer,

il a fini par la voir.

 

Réelle ou pas, il s’en moque,

il l’a vue, celle qui

lui fut promise par le Livre.

 

Femme de flux, des ondes elle a jailli

là-bas aux confins des sables et des eaux.

 

Corps de ciel en cœur de vague,

tantôt fleuve, tantôt frégate, elle allait, louvoyant,

toujours grossissant, enflant comme une géante voile.

 

Elle allait vers lui,

pour lui, rien que pour lui.

 

Hypnotique beauté qui,

insensiblement, envahissait l’horizon,

grosse comme un soleil,

lumineuse comme une promesse,

énorme, dévoreuse de l’espace,

enveloppante comme une gueuse !

 

Comme aimanté, un pas, deux puis trois

sans qu’il s’en rende compte,

il disparut dans la vague immense.

Captif ravi, captif heureux, captif consentant !

 

La force surhumaine, inhumaine l’emporta.

Il disparut, intégré, digéré, anéanti.

 

C‘est alors qu’une haine sauvage

m’a sauté à la gorge.

Femme de flux et de reflux,

elle m’avait tout pris.

 

À moi, femme de glaise et de foi,

qui pourtant l’aimais. Il le savait.

 

 

Une sélection de petits poèmes

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2020


Au roi des arbres

 

Comme souffle venu des terres lointaines

Effleurant mon dos nu, les hiers assourdis

Se font brumes légères odorantes haleines,

Se moquent sans vergogne des dits et des non-dits.

 

Effleurant mon dos nu les hiers assourdis

Enivrés de bon vin de rires et de larmes

Se moquent sans vergogne des dits et des non-dits,

Des murmures haineux du brasier des alarmes.

 

Enivrés de bon vin de rires et de larmes

Les serments des amants rient de la vérité,

Des murmures haineux du brasier des alarmes,

Alarmes balayées par vent d’éternité.

 

Les serments des amants rient de la vérité

Et  gravent de doux noms sur les dalles de marbre.

Alarmes balayées par vent d’éternité

Se massent indécentes au pied du roi des arbres.

 

-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-

Homme nu

 

 

Homme nu homme fier

Homme d’os et d’écume

D’aujourd’hui et d’hier

Toi qui ne bois ni ne fumes

 

Homme nu homme d’eau et de chair

Homme dur fesses offertes

Sexe à cru tête en l’air

Le regard en alerte

 

Homme noir homme blanc

Lèvres sang pensées vertes

Cœur mûr corps brûlant

En suspens vannes ouvertes

 

Homme bis homme blanc

Tu la veux tu l’empoignes

Cette vie emperlant

Ta source de cocagne

 

Homme feu homme franc

Tu bandes et appelles

Arc tendu ferme dans l’élan

Cupidon en nacelle

 

Homme vrai homme froid

Lame à vif mains trop douces

Mots de miel nuits d’émois

Le désir te détrousse

 

Homme vrai homme pieu

Homme dru tu es maître

Elle est soif tu es Dieu

Ton ardeur la fait Être

-:-:-:-:-:-:-:-:-:-


Comme une évidence

 

 

Et puis comme une évidence

Comme un arc tendu trop longtemps

Elle n’en peut plus elle s’enfonce

Ça va se rompre ça va y aller

 

Passaient les mois les saisons et les années

Inéluctablement ça tournait

Les nuages murmuraient de plus en plus fort

Et puis ça a crié hurlé juré menacé

 

C’était écrit dans le ciel de toute éternité

par le soleil et toutes les étoiles

la lune et tous les astres

et ça tournait avec la terre

 

Ce fut ruades et tempêtes à n’en plus pouvoir

À en crever à s’éteindre

À se jeter du haut du pont

À s’en laisser mourir

 

Poussée tirée comme carpe encore dans le filet

Fallait écrire l’histoire fallait suivre son destin

La lumière est au bout de l’effroi

La félicité est à ce prix vite oublié

 

C’était écrit dans le ciel de toute éternité

par le soleil et toutes les étoiles

la lune et tous les astres

et ça tournait avec la terre

 

Fallait y aller fallait à tout prix vivre et renaître

Si simple si pur si normal si spontané

Le geste est si beau si limpide si confiant

La Bienheureuse enfin le sait !

 

Et puis oui c’est si bon si beau si frais

Danser entre ciel et terre

Respirer à pleins poumons l’air enfin pur

Embrasser l’arbre de vie et ne plus rien craindre

 

C’était écrit dans le ciel de toute éternité

par le soleil et toutes les étoiles

la lune et tous les astres

et ça tournait avec la terre

 



 

 

 

Participation à la revue Expressions les Adex (oise)

Les Adex et moi en quelques mots

    C'est une rencontre sur la toile. Une adresse courriel d'une association picarde, partenaire de l'association de peintres qu'Hélène Bécu fréquentait. Je me suis ainsi retrouvée sur le site web des Adex. Un jeu d'écriture y est toujours proposé : une photographie à illustrer. C'est gratuit et le seul gain possible est la publication dans leur revue papier. J'ai envoyé un petit poème, il a été publié. J'ai reçu la revue et j'ai continué à écrire pour chacune des suivantes. Publiés ou non, les poèmes envoyés continuent d'enrichir ma petite collection.

 

Participation au n° 36 page 6

Cathy Garcia

Le baiser de Kahi

Prière et abandon
Fauve étreinte gémellaire !
Une en deux, deux en un,
Rêve de n'être qu'un
Sous le souffle Mana.
Regard tourné vers l'avenir
Se rejoignent fissa
L'alpha et l'oméga
Sans plus craindre le devenir.
Advienne que pourra !
Plénitude et harmonie,
Hors de toute sorcellerie !
Deux en un, un en deux
Dans cet horizon stellaire
Sans quête de pardon.

Envoi pour le n° 37

Zen ?

Les fougères s'inclinent dessus de l'eau sage
Et s'y mirent mêlant leur si mouvante image
A celle des pierres et sous le frêle ombrage
S'offre des nénuphars l'aquatique feuillage.

Le murmure du vent à l'éclat des bulles s'unit,
La lumière filtre, l'onde verte frémit.
Ici le cœur s'apaise et le souci s'enfuit ;
La douce fraîcheur saisit le corps et l'esprit.

J'aimerais tant goûter cette simple quiétude
Dans une profonde et intime solitude
Mais mon regard heurté par une pâle figure

Importune, oublieuse de l'azur superbe,
Cherche en vain au-delà de la vaine imposture
L'horizon pour que mon rêve s'envole en gerbe.

Envoi pour le n° 38

Les sœurs jumelles

Dans cette vaste plaine,
Pour qui soufflent ces solitaires sœurs jumelles ?
Naseaux de quelque souterrain monstre sacré ?
Ou simplement haleine de l'humanité ?
Vaines questions mais présence bien réelle
Qui tout à la fois rassure et inquiète
Le voyageur dans son improbable quête.

 

Participation au n° 39

Y a de la joie

 

Y a de la joie !
Malgré tous les tracas
Malgré les frimas
Y a de la joie !
Parce qu'il y a toi
Parce qu'il y a moi
Y a de la joie !
Même si tout est gris
Même sous le gui
Y a de la joie !
Sans Tino sans Carla
Rien que toi et moi
Y a de la joie !
Et c'est vraiment chouette
Quand on est un peu pompette !


 

Participation au n° 40 page 6


La promenade du photographe

Fait frisquet ce matin
Sur le grand chemin.
Est-ce bien encore l'été ?
Ou bien déjà l'automne ?

Derrière les autres, je chemine,
Traquant toujours l'insolite
Que je capture sans faillir
Dans ma boîte magique.

Et clic pétrifiée la haute futaie !
Et clac happés le muret herbeux et les pancartes jumelles !
Et définitivement figées pour l'éternité
Les énigmatiques silhouettes humaines.

Comme elles, aimanté par le même horizon,
Je les suis,
Pour l'éternité, mystérieuses,
Anonymes à jamais !

 

Participation au n° 41 page 6

En plein chœur

Touffeur, chaleur, sueurs mêlées,
Corps enveloppés, compressés, opprimés,
Débordement de denrées.
Donner, vendre, échanger, recevoir.
Moiteur.
Vivre, croire, survivre, vouloir,
Vouloir croire, vouloir savoir,
Croire encore, croire toujours.
C'est ça la vie, c'est ça l'espoir,
C'est ça l'humanité,
Demain sera toujours meilleur.

 

Participation au n° 42 page 6

Créativité

Pan de mur aux pierres effritées
Que d'histoires par toi racontées,
Malgré toi créées !
Celles que tu sais mais que tu tais,
Que pourtant l'on devine,
Celles qu'on imagine,
Celles que vivre tu souhaitais
Peut-être même ?

Le doigt de l'homme par ta lèpre guidé,
Par ses souvenirs et sa créativité
S'est plu à jouer.
Tags d'hier, tags d'aujourd'hui
Rêves d'ailleurs, rêves d'ici.
On te regarde, on sourit ; témoignage de vie !
On s'interroge, on te photographie !
Et ça tu aimes !


 

Mon envoi pour le n° 43

Photgraphie de Les Adex - EL

Petit d'homme

Vers quel destin te diriges-tu
Petit d'homme,
Découvrant cette nouvelle blancheur,
Traînant, tel un vainqueur
A ton ombre même
Attachée,
Cette menace si bien déguisée
Que tu la crois promesse de mille et un bonheurs ?

Petit d'homme si bien protégé
Sauras-tu mieux que tes aînés
Percevoir la trahison
Nichée dedans même
La plus séduisante innovation ?
Tu vas
Droit devant toi
Petit d'homme, avenir de ta planète !

 

 

Participation au n° 44

Jean-luc Vankersschaver

Pensée libre

Chevaucher à cru
libre de tout lien
sur les ailes du vent,
chevaucher dans les nues
tel l'oiseau qui va et vient
libre et hors du temps,
chevaucher au dessus des futaies,
au dessus des vergers et des prairies,
n'est-ce pas de notre pensée
la séduisante allégorie ?
Pensée qui va et vient, comme elle l'entend
libre à tire d'ailes, croit-elle ?
Et qui pourtant s'envole où l'emporte le vent
malgré elle !
Magnifique inconscience : se croire libre
et ne l'être jamais !
Telle est l'humaine destinée
de celui qui se dit le plus puissant
au plus modeste mécréant !


 

Participation au n° 45 pages 6 et 7

Eliane Prémel


Masque

Surprenante figure, masque énigmatique !
Certes la précision du geste rassure
mais cet assemblage problématique
interroge malgré ses lignes pures.

La pointe et la courbe se rencontrent et s'allient.
Sous le végétal agressif qui s'insinue
tu te refuses en face glabre et chair nue.
Cette bestiole, ce vermisseau, tu l'oublies.
Pas un seul regard pour troubler sa reptation.
Seule t'intéresse de notre oeil la captation.
Ainsi tu te caches et c'est pour mieux être vu !
Qui es-tu ? Qu'espères-tu ? Que fais-tu ?

Te taire, tu préfères
Et ainsi garder tes mystères
Ou comme cette chenille tu te prépares
Secrète et muette, pour le show du grand soir.

 

Participation au concours de poésie 2011,
thème : la main

Poévie

Froides, douces, chaudes, expertes, baladeuses,
Vertes et calleuses, abîmées mais adroites,
Brûlantes ou glacées, fraîches ou bien moites
Pleines, soignées, fermes, fines et guérisseuses,
Courtes, longues, larges, épaisses mais jolies,
Et puis mains qui saisissent, mains jointes qui prient,
Vous êtes deux alliées pour une unique vie.
Et main qui tient l'outil, main nue et qui bénit,
Main encore qui pardonne ou main qui caresse,
Main qui salue, main généreuse qui écrit,
Ou cette main de fer ou celle que l'on presse,
Ou la main que l'on prend, puis celle que l'on baise,
Main que l'on demande et puis celle qu'on nous donne,
Main leste que pour finir on nous abandonne,
Ô main magique, c'est dans ta paume qu'à l'aise
En quelques lignes se conte toute une vie !

 

     

 

Envoi pour le n° 46

Photographie de François Caron

 

Délire industriel

Cygne à terre, ah, cygne d'émois passés, signe des mois trépassés que fais-tu là ?
Que fais-tu là dans la grande plaine, de vent traversé ?
Tu te dresses
carcasse de métal tel un trophée, récompense de performance industrielle
     digne de l'Art nouveau
invectivant les nuages mécréants et indociles !
Es-tu ce monstre d'acier venu des steppes lointaines
          pour outrager le ciel impérieux et Cérès la généreuse ?
Tu as de l'homme l'insolence, de la bête la constance et du minéral la présence !
Quelle est donc ta mission ? Servir l'homme ou l'asservir ?
Nourrir la terre ou la corrompre ? Que prétends-tu ?
Cueillir les nuages ? Et avec la douce courbe
               de ton col
tromper l'Olympe dans la morne plaine si vaste et si monotone ?
De quelle infernale créature es-tu enfin la terrestre signature ?

 

Participation au n° 47

 

 

 

Tango.



La main robuste et ferme guide sûrement !
Le regard haut, il quête du jury l'approbation.
Lent vite vite lent, vite vite vite vite lent
instinctifs les pieds jouent leur partition.
Mais c'est elle qu'on regarde, qu'on envie
elle qui dans le rythme s'oublie
obéissant aux mâles pressions,
si fragile, si assurée, sans posture ni prouesse,
liane souple sous l'infime sollicitation.
La violence de la volte face, la feinte, la caresse,
c'est elle, c'est lui, tout dans la suggestion.
C'est elle et lui, jamais lui sans elle.
Dialogue efficace muet de deux corps enlacés,
séparés, repris, rejetés, rattrapés,
rituel sacré de la sensualité.
Spectacle de l'éternelle masculine frustration
et de la femme, l'instinctive séduction.

Serge Marjisse

 

Participation au n° 48

 

 

 

Sorcellerie

Je suis homme de feu.
Je suis homme de paludes.
Dans l'eau des miroirs et des glaces
mon regard se croise
et m'embrase et me toise.
Tandis que l'onde factice
avec l'ombre pactise
pour côté jardin tenter de m'engloutir
du côté cour ma chevelure
à me croquer s'attache
et des ténèbres les éclaboussures
avec ma noire moustache
complotent pour plus sûrement
sur le théâtre du monde des vivants
de mon Moi surgi des profondeurs
mieux révéler l'éclat ensorceleur.

Petite appropriation de F.C. Guillon
à partir du portrait du peintre Gustave Courbet

 

Envoi pour le n° 49

 


Orgueil salvateur

Défi lancé au temps, à la finitude humaine
prouesse de pierre, dessein de jeune roi,
quête d'infini et témoignage ambitieux
d'une dérisoire volonté souveraine,
Chambord depuis des siècles toujours flamboie !

Mais toi, génie humain, sans cesse audacieux,
pour braver ta vaine condition passagère,
rendre immortelle la fugitive présence
d'un être en devenir tu inventas, glorieux,
l'illusion suprême, un nouvel art immense.

Ainsi le voile d'une membrane légère
révèle deux images pour l'éternité,
celle de ce vieux colosse impressionnant,
celle de l'espiègle silhouette éphémère,
mêmes symboles de l'humaine vanité.

Ô orgueil salvateur de l'homme être pensant !

 

 

Participation au n° 50

 

 

Révélations océanes

Elle est là devant l'océan
Elle perçoit ce que disent
les eaux matricielles
Miroitent les souvenirs
des temps immémoriaux
Se révèle en promesses
à tous ses sens soudain réveillés
nouvelle épiphanie
ce qui va advenir
ce qui de l'horizon
muet et monstrueusement impavide
surgira pour elle son devenir
Un souffle puissant venu des tréfonds
dilate pores et narines
haleine infinie
relents de multitudes de vies
exhalaisons des origines

Elle voit elle sent elle entend
elle prévoit elle pressent elle comprend
Evidence soudaine
Puissance inébranlable
souveraine

 

Participation au n° 51

 

 

Qui es-tu, toi ?

Eh bien qui es-tu toi ?
Je ne te connais pas.
Dis t'habites où ?
et tu viens d'où ?
T'as un nom ?
Ben cause donc !
Fais pas ton coquet !
Tu t'es bien astiqué
mais pour qui tu te prends ?
T'es ni d'or ni d'argent.
Fais pas le fanfaron
avec tes gros yeux ronds !
Tu ne me fais pas peur,
espèce de gros farceur !
Et tu te prends pour une abeille
avec ton dard en place du nez
Ah c'est sûr t'es une petite merveille
Mais faut pas trop nous en conter !

 

Envoi pour le n° 52

 

Bonheur rêvé

Maison au bout du bout
au bout de rien
au bout de tout
maison aux regards… volée
maison à tire d'ailes
pour elle et moi
pour l'amour et pour la paix.

Elle te plaît, cette bâtisse, dis ?
Pour toi, pour moi et
pour les dix enfants au moins
et puis les amis et le chien
et même les chats des voisins… si loin…

Dites-moi qu'elle est jolie !
Promesses d'éclats de lune
d'éclats de rire
d'éclats de hune
car ils sont là parés pour l'aventure
gros oiseaux prêts à ouvrir grand les ailes
les petits navires de la comptine.

Ils sont prêts à nous emmener
sur le toit du ciel
ou le ciel de toi.
Là tout près, vermeil dans notre bleu
portuaire merveille sous nos yeux !

Je serais guetteur de phare ;
tu serais les tempêtes,
la vivante vague lourde déferlante
et puis la radieuse mère calme et sereine,
jamais la même, toujours ma Reine.

Et notre maison, le soir,
au bout du bout
au bout de rien
au bout du tout
nous bercerait au souffle des espoirs
comme nid sur la branche
comme l'enfant contre ta hanche.

 

 

Participation au n° 53

" Inspiration " Marc Hanniet

 

 

Lecture prétexte d'une sieste d'été.
Invitation muette d'un corps en offrande.
Promesse coquine des courbes généreuses
et d'un regard un tantinet fripon
dans le doux secret du boudoir complice.
Ô peintre toujours comblé !
Pour le partage, les mâles te remercient.
Que de voluptés tues mais si bien révélées !

Participation au n° 54

Flânerie citadine

 Arpenter rues et escaliers
Flâner pour le temps passer
On aime cet interdit promis

 A la vitesse limitée
On ne voit pas le temps passer
Merveilleux miroir de la vie

 Marcher jamais se retourner
Vers l’inconnu toujours aller
Pour gagner l’éclat de l’oubli

 

 

 

 

Participation au n° 55

© Jean-Luc VANKERSSCHAVER


Noé était son frère

Dans le songe éveillé du grand bleu éternel
au-delà du réel avec son bestiaire familier,
il s'envole, lui simple journalier.
C'est le bélier et la brebis qui bêle,
la vache et la chèvre, le porc, le poulailler,
bêtes domestiquées, animaux nourriciers,
qu'il emporte en son immense tablier.

Le cheval et l'âne, compagnons fraternels,
Font amis-amis avec le crapaud fangeux
Et l'escargot fringant vigoureux et baveux
comme eux tous enchaînés à ce sol paternel.
Pauvre innocent illuminé ! Pas d'envieux !
Quel beau rêve tout bleu ! Et quels bons et beaux œufs
qu'il vendra au marché pour lui et au mieux !


 

 

 

Participation au n° 56

© Atelier de Lucas-Faytre

 


Indiscrétion

Grenier-atelier au temps arrêté.
Onirisme de la mi-journée.
Oblique luminosité.
C'est la pause de l'artiste !
Bric et broc entassés.
Malaise du non initié
devenu voyeur,
fourbu de couleurs.

Par l'amateur hébété,
l'âme du lieu importunée,
voire offensée, sans hésiter
hypnotise le triste opportuniste,
le seuil à peine passé,
complètement pétrifié.
Alors que tout sommeille,
là-haut, ignoré, le vert dragon veille.

 

 

 

 

Participation au n° 57

 

Création de D. GORE

 

Le masque ou la vie ?

 

Masque, Non ?


Image de la vie
oppressante, ahurie
en couleurs lavées d’offenses
pour mieux cacher l’absence
d’empathie, de compassion !

 

Face figée sans émotion !
Deux forces s’y annulent
bestialité s’y accumule.
Image de l’inertie !
Toi, l’artiste, on te remercie.


Figure, tu cries ton nom !

 

 

 

 

 

Participation au n° 58

 

 

Traverses- Ever new ways to climb Deborah EDWARDS

La fuite

 

Allez, viens ! C’est fini !
Il nous faut partir vite.
Fuir ceux qui nous évitent.
Viens ! Tu n’es pas punie !

 T’auras d’autres copines !
On file vers un ailleurs,
là où il fera meilleur.
Ne faut pas qu’on lambine !

 Faut courir eh banane !
Demain on s’ra, tu vois,
tout là-bas dans le bois,
on fera  une cabane.

Tu sais, tu es vernie !
T’as une maman qui t’aime.
T’as d’la chance tout d’même !
Pour ici, c’est fini !

 

 

 

Participation au n° 59

 

 

 

Jean Louis Hamiet

Le don

 

Écouter la nature au creux de nos mains
s’éployer et vibrer en rires qui s’égrènent
pour s’ouvrir en poème à nos lendemains,
c’est redonner du sens à ce qu’on croit Géhenne,

 

c’est sur le souffle chaud du bon temps éperdu
bâtir un avenir nourri de lumière,
de beauté confiante et d’amour confondu
pour transmettre au futur la promesse des pères.

 

Diamant de prouesse au firmament viril,
impétueux cadeau gonflé de sève neuve,
l’arbre si généreux ignorant le péril,
comme la poésie, de Vie est belle preuve.

 

Participation au n° 60

Gargouille d’aujourd’hui,
tu vomis
du haut de ton cœur transi
toutes les horreurs d’un monde à l’agonie !

Et des moiteurs ton cri étouffé
de tant de sang séché
se perd dans les nuées
des âmes perdues à jamais.

 

 

Participation au n° 61